Alors que les achats sur internet ont connu une véritable explosion ces dernières années, rares sont encore les automobilistes à pouvoir s’enorgueillir d’avoir acheté leur véhicule en quelques clics tout en restant confortablement assis dans leur fauteuil.
Car si 97 % des ventes de véhicules ont débuté par une recherche en ligne selon une étude récente, force est de constater que la démarche n’est pas menée jusqu’à son terme.
Pourtant, attirés par les remises offertes, qui dépassent parfois les 30 % sur les prix du réseau officiel, de plus en plus de particuliers se tournent désormais vers les sites spécialisés qui fleurissent sur la toile dans l’espoir d’acquérir le véhicule de leurs rêves à prix cassé, qu’il soit neuf ou d’occasion.
A l’initiative de ces sites, se trouvent généralement des mandataires multimarques, des réseaux de concessionnaires, et même des constructeurs qui tentent de bouleverser une industrie dont les méthodes de vente sont restées quasi figées durant des décennies.
Car si le marketing a évolué pour s’adapter aux désirs des consommateurs, le processus de vente est longtemps resté le même : l’acheteur se rendait chez le concessionnaire pour observer les différents véhicules, repartait avec un catalogue (pour les véhicules neufs), et revenait pour demander une proposition de prix et la négocier.
Avec l’achat de véhicules en ligne, tout se fait à distance, y compris la signature des documents contractuels, si bien que le consommateur peut recevoir sa voiture neuve ou d’occasion, fraîchement immatriculée, avec la carte grise à son nom et les plaques d’immatriculation apposées, à la maison ou au bureau, sans jamais avoir dû se déplacer.
Mais cet e-commerce automobile est-il réellement sans risque ?
Pour qu’un achat de véhicule sur internet reste une bonne expérience, certaines précautions sont à prendre.
En premier lieu, l’automobiliste prudent devra bien choisir son vendeur, en vérifiant son existence et en se renseignant sur son identité véritable s’il ne s’agit pas d’un acteur reconnu, car il n’est pas toujours aisé de déterminer qui se cache derrière un nom commercial.
Si certains sites peuvent se prévaloir d’une certaine ancienneté sur ce secteur, d’autres ne sont apparus que très récemment.
Il peut donc être judicieux de s’attacher à la e-réputation du vendeur afin de vérifier qu’il est digne de confiance, en examinant notamment les avis et retours d’expériences laissés par les acheteurs précédents.
Aussi, compte tenu du montant engagé pour l’acquisition d’un véhicule auprès d’une société inconnue, la prudence devra être de mise, particulièrement en ce qui concerne le règlement du prix.
Les sites spécialisés proposent toutefois un paiement en ligne sécurisé et des possibilités de financement avec leurs partenaires du secteur bancaire).
Il importe ensuite de bien choisir son véhicule, afin d’éviter les déconvenues le jour de la livraison.
Car l’inconvénient majeur de l’achat sur internet par rapport à une acquisition en concession, c’est l’impossibilité d’essayer le véhicule convoité, de l’examiner, de le toucher, avant de se décider.
Pour pallier cette carence, les sites proposent désormais un état détaillé du véhicule et une visite virtuelle, avec vues du véhicule à 360 degrés, y compris de l’habitacle, mais qui ne remplacent pas un essai routier en conditions réelles.
Il appartient donc à l’acheteur de se renseigner précisément sur les caractéristiques de son futur véhicule, et de les définir clairement s’agissant d’un véhicule neuf en choisissant le coloris, la finition, la motorisation, ou les nombreuses options disponibles.
Pour les véhicules d’occasion, l’acheteur devra s’intéresser à l’historique du véhicule, et notamment à l’existence d’éventuels accidents et au respect des préconisations d’entretien du constructeur.
Afin de l’aider dans cette démarche, certains services sont désormais proposés en ligne pour permettre de retracer l’historique du véhicule, à l’instar du site « Histovec » proposé par le Ministère de l’Intérieur.
Cependant, les informations concernant le véhicule doivent principalement venir du vendeur, lequel se trouve débiteur d’une obligation d’information précontractuelle à l’égard de son cocontractant.
En application des dispositions de l’article 1112-1 du Code civil, « celle des parties qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour le consentement de l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son cocontractant ».
De son côté, le Code de la consommation veille également à l’information préalable du consommateur, son article L 221-5 imposant au vendeur professionnel, avant la conclusion du contrat, d’informer le consommateur de manière lisible et compréhensible sur certains points de l’engagement qui lui est proposé, afin qu’il puisse s’engager en toute connaissance de cause.
Le manquement à cette obligation de renseignement et d’information précontractuelle est susceptible d’entraîner l’annulation du contrat.
Aussi, est-il capital de bien examiner les conditions générales de vente qui figurent sur le site du vendeur, puisqu’elles formalisent l’obligation d’information du vendeur et encadrent toute la vente.
Ces conditions générales comportent obligatoirement la fameuse garantie « satisfait ou remboursé ».
En effet, en matière de vente à distance, le consommateur dispose d’un droit de rétractation dans un délai légal de 14 jours, prévu par les articles L 221-18 et suivants du Code de la consommation.
Ce droit peut être exercé par l’acquéreur sans qu’il ait à motiver son choix, et alors même que le véhicule commandé était personnalisé avec des options.
Il peut être soumis à une utilisation limitée du véhicule, avec un kilométrage maximum autorisé et prévu dans les conditions générales de vente.
En pratique, le délai de rétractation court à compter de la livraison du véhicule, effectuée à domicile ou dans un point de retrait préalablement défini.
Pour exercer son droit de rétractation dans le délai imparti, l’acheteur doit signifier sa volonté de se rétracter, que ce soit au moyen d’un formulaire de rétractation qui doit être fourni par le vendeur avec le contrat, ou par tout autre moyen.
Il dispose alors d’un délai de 14 jours pour renvoyer le produit et le vendeur dispose également d’un délai de 14 jours pour procéder au remboursement de la totalité des sommes versées par le client, frais de livraison inclus mais frais de retour exclus.
En cas de retard dans le remboursement, les sommes sont majorées en fonction du nombre de jours de retard, la majoration allant du taux d’intérêt légal (soit actuellement 3,11 %) si le remboursement intervient au plus tard dix jours après l’expiration des délais, jusqu’à 50 % entre soixante-et-un et quatre-vingt-dix jours, et même cinq points supplémentaires par nouveau mois de retard jusqu’au prix du véhicule.
Dans l’hypothèse où des défectuosités apparaitraient au-delà du délai permettant à l’acquéreur de se rétracter, il disposera des mêmes garanties que celles offertes par un achat classique.
L’acquéreur non professionnel d’un véhicule, neuf ou d’occasion, pourra ainsi bénéficier de trois garanties de la part du vendeur professionnel : la garantie légale de conformité, la garantie légale des vices cachés, et la garantie contractuelle (dite garantie commerciale) qui, elle, est facultative.
Le véhicule acheté sur internet pourra aussi bénéficier de la garantie du constructeur dans les mêmes conditions qu’un véhicule acheté de manière classique.
Cette garantie permet la prise en charge des défauts de conception ou de fabrication éventuels survenus durant la période de garantie (de 2 à 7 années suivant les constructeurs), dans le réseau de la marque.
Ainsi, à condition de bien se renseigner, l’achat en ligne d’un véhicule peut être une démarche très intéressante : que ce soit pour limiter la facture ou bénéficier d’un équipement pléthorique, d’une facilité d’accès ou pour gagner du temps, les avantages sont nombreux.
Reste à savoir si les consommateurs sont prêts à passer à l’acte…